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Diplômé en période de crise - Anne-Laure Rouffié (p2010)

28 septembre 2020 Réseau
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Je suis Anne-Laure Rouffié, IFI2010 option Matériaux pour l'Aéronautique et le Spatial. À la sortie de l'École, j'ai effectué une thèse de doctorat en Sciences et Génie des Matériaux au CEA de Saclay avec Mines ParisTech. Je travaille chez Safran depuis 2014 en tant que ingénieure R&T sur les matériaux métalliques pour applications aéronautiques.

 

Mon projet professionnel défini pendant mes années albigeoises était d'intégrer une équipe de R&T dans une grande entreprise, de préférence dans le domaine de l'aéronautique. Pour maximiser mes chances, j'ai suivi le Master Recherche en Sciences des Matériaux en parallèle de ma dernière année à l'École, puis les enseignants chercheurs de l'option MAS m'ont conseillé de poursuivre sur une thèse de doctorat. Je les remercie encore pour ce très bon conseil. En plus cela m'arrangeait bien car malgré une formation de qualité, je ne me sentais pas assez armée pour me lancer sur le marché du travail, en particulier sur un poste très technique pour lequel une expérience préalable était souhaitée par l'employeur. La thèse allait me permettre de consolider mes connaissances sur les matériaux pendant 3 ans.

 

J'ai donc recherché une thèse CIFRE qui m'ouvrirait les portes d'une grande entreprise, mais sans succès. J'étais loin d'être la seule à rechercher une thèse en 2010, car un CDD de trois ans pouvait représenter une aubaine pour les jeunes diplômés dans ces années difficiles. J'ai eu la chance - et un coup de pouce de l'un de nos professeurs - d'obtenir un stage de fin d'études au CEA de Saclay qui s'est transformé en thèse. Le sujet était passionnant, les encadrants très compétents et l'équipe sympathique. J'ai donc atterri en région parisienne au milieu des bouchons du plateau de Saclay, moi qui voulais à tout prix éviter ça !! Mais ma motivation pour la thèse et pour mon projet professionnel était plus forte. J'ai eu quelques moments difficiles car j'ai été séparée géographiquement de mon compagnon pendant mes années de thèse (IFI2010 lui aussi, pour l'anecdote). Son intérêt pour les matériaux composites l'avait mené à Bordeaux pour son premier poste, avant d'atterrir lui aussi en région parisienne en 2013 pour le second. Suite à ma thèse, j'ai été embauchée chez Safran (toujours en région parisienne, finalement on s'y fait) sur le poste d'ingénieure R&T en matériaux pour l'aéronautique que j'avais tant espéré. Nos sacrifices ont été payants.

 

Avec le recul, je suis contente d'avoir suivi ma voie Matériaux et de ne pas avoir cédé aux sirènes de l'informatique ou de la gestion industrielle, qui représentaient de meilleures chances d'insertion sur le marché du travail et de meilleures perspectives salariales à la sortie de l'École. Je pense qu'il vaut mieux se donner le temps et les moyens de faire sa place dans son domaine de prédilection, plutôt que de risquer d'être à la peine dans un domaine à la mode mais qui ne nous plaît pas. Les options proposées par l'École ne sont pas là par hasard, elles sont le fruit de discussions avec des entreprises. Donc si elles existent, c'est qu'il y a des débouchés à la clé ! Et au final, si ça ne marche pas ou que le secteur a moins d'avenir, un changement de cap sera toujours possible. Car tout au long de notre formation généraliste, l'École nous a appris à rechercher les informations pertinentes pour maîtriser rapidement de nouveaux sujets, à développer notre sens critique, à persévérer, et surtout à nous débrouiller. Ces acquis sont précieux dans le monde du travail changeant que nous connaissons.

 

Le secteur aéronautique dans lequel je travaille aujourd'hui est très impacté par la crise sanitaire, et le retour à la normale ne semble pas prévu pour tout de suite. J'espère conserver mon activité actuelle qui me plaît beaucoup et pour laquelle j'ai des perspectives motivantes, mais le risque de devoir changer de sujet technique, de fonction ou de secteur dans les prochaines années existe. Cependant je ne suis pas inquiète, car l'École nous a donné la capacité de savoir rebondir quand c'est nécessaire. D'ailleurs j'ai déjà pu le vérifier auparavant : j'avais prévu de rester dans le domaine du nucléaire à la fin de ma thèse, mais l'accident de Fukushima en 2012 en avait décidé autrement...




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